Brexit – un destin commun, un vote divisé

Suite à la décision de la Chambre des communes de rejeter l’accord négocié par la Première ministre May, la CEC European Managers demande la clarté juridique après le Brexit pour les dirigeants et les travailleurs. “Sans règles et garanties claires pour tous les citoyens, le Brexit pourrait entraver les liens étroits entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, et compromettre ainsi le bien-être de millions de personnes”, a déclaré le Secrétaire général, Maxime Legrand. L’Europe devrait maintenant tirer les leçons du Brexit et investir dans des relations bilatérales durables. Cela fait maintenant presque deux ans que les Britanniques se sont exprimés, déclenchant un débat qui semble interminable sur l’auto-perception du Royaume-Uni  et sa position dans le monde. Ce qui a suivi peut être vu comme une double révélation : que premièrement, chaque décision prise par le Royaume-Uni – indépendamment de son entrée ou de sa sortie – est étroitement liée au destin de l’Union européenne – sur les plans économique, politique et même juridique[1]. Et que, deuxièmement, la démocratie directe, telle qu’elle a été exprimée lors du référendum sur le Brexit, peut être fortement controversée. Les instances intermédiaires, tels que les syndicats, pourraient donc revêtir une importance croissante au sein d’une société soudée par des échanges instantanés mais superficiels. S’agissant des conséquences possibles du Brexit sur les cadres et les travailleurs, la CEC demande que l’évolution des droits du travail et des politiques de l’emploi soit étroitement suivie et réaffirme l’importance de la mobilité des travailleurs pour des raisons économiques et sociales. Désormais, les décideurs politiques européens doivent s’employer à réduire au minimum les restrictions quant aux droits et libertés qui découleront inévitablement du Brexit pour les dirigeants et les travailleurs du RU, mais également pour tous les citoyens de l’autre côté de la Manche. Prochaines étapes Après avoir perdu le vote à la Chambre des communes, la Première ministre May dispose de trois jours ouvrables pour présenter un plan alternatif au Parlement. Une option consisterait à présenter ultérieurement un deuxième accord de retrait qui devrait être approuvé par l’UE ou à opter pour le “modèle norvégien”. Le Royaume-Uni aurait toutefois besoin de l’autorisation de la Norvège pour adhérer à l’Association européenne de libre-échange. Au cas où tous ces efforts auprès du parlement échoueraient, son comité de liaison, réunissant partis de l’opposition et du gouvernement, pourrait proposer un compromis. Alternativement, les parlementaires pourraient adopter une législation pour organiser un nouveau référendum sur le Brexit, nécessitant toutefois une prolongation du délai de sortie de l’UE. Par défaut, le Royaume-Uni quitterait l’Union européenne sans aucun accord le 29 mars et tomberait sous les règles commerciales de l’OMC et sans solution aux problèmes aussi vastes que la mobilité transfrontalière, la législation du travail ou l’Irlande. Migration post-Brexit En ce qui concerne la migration, un livre blanc publié en décembre dernier annonçait des conditions plus strictes pour l’entrée sur le marché du travail britannique. Les migrants éventuels devraient disposer d’un salaire minimum de 30 000 £ par an pour pouvoir prétendre à un visa de travail de 5 ans. L’autre moyen d’accéder au pays sera le recours à des contrats conditionnels et temporaires à court terme pour les secteurs en difficulté. Les conditions énoncées dans le livre blanc, pourrait entraîner une forte diminution de la mobilité des cadres et des travailleurs. Déjà aujourd’hui, le climat socioculturel des quelque 150 000 cadres [2] de l’UE au Royaume-Uni se détériore, ce qui en pousse beaucoup à revenir de l’autre côté de la Manche. [1] Le débat autour du “Modèle norvégien” a montré que ce que certains appellent la souveraineté peut être obtenu au prix de l’absence d’influence dans le processus législatif, contrairement à l’adhésion. En Norvège, de nombreuses lois doivent s’adapter à la réalité de l’Union européenne. [2] Analyse des données de l’ONS par le CMI s : https://www.managers.org.uk/insights/news/2018/december/100-days-to-brexit-and-counting