Pour un système commercial multilatéral plus résistant

Suite à l’introduction d’une nouvelle large gamme de tarifs douaniers par les Etats-Unis et à l’ère de la montée des tensions géopolitiques, la Commission européenne a essayé de désamorcer les conflits autour du commerce international. Cependant, minimiser les dommages face aux mesures arbitraires et inattendues des « partenaires » internationaux ne peut être une solution aux problèmes structurels bien ancrés. Aujourd’hui, la communauté internationale doit trouver des réponses à l’effondrement potentiel du système commercial multilatéral dirigé par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Le Fonds Monétaire International (FMI) estime que les menaces des Etats-Unis et de ses partenaires commerciaux risquent de réduire la croissance annuelle mondiale de 0,5% jusqu’en 2020, ou 430bn $ en PIB à l’échelle mondiale[1]. Malgré les menaces, la CEC European Managers y voit une opportunité pour établir un système commercial multilatéral plus durable et équitable.

Il est vrai que d’un point de vue historique, le commerce mondial a connu une croissance presque exponentielle au siècle dernier, avec des revers durant les années 30, la récession de 2009 et une nouvelle vague de mesures protectionnistes aujourd’hui. Si l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1947 et la création de l’OMC en 1995 ont effectivement contribué à réduire les tarifs douaniers, les barrières non tarifaires n’ont cessé de croître depuis les années 90[2]. Alors que Trump impose des tarifs sur les panneaux solaires, les machines à laver, l’acier et l’aluminium, la Chine et l’Union européenne se positionnent en défenseurs du libre-échange. Si nous prenons en compte les défis posés par le changement climatique et l’impératif de maintenir la paix en ces temps agités les turbulences, des relations commerciales également, nous aurions besoin de mener un sérieux débat pour assurer un meilleur système de commerce international.

En premier lieu, la communauté internationale aurait un intérêt pour le long terme à défendre et à développer le système commercial multilatéral (de biens, de services et pour davantage de données), ainsi que d’autres systèmes de gouvernance mondiale (tel que le FMI ou les régimes internationaux de lutte contre le changement climatique, également attaqués par les Etats-Unis). L’effondrement du système de l’OMC, élaboré sur des règles de base, et l’absence d’un organe international capable de régler des conflits commerciaux, pourraient créer un danger imminent. Seul un système multilatéral plus résistant est capable de répondre aux acteurs isolationnistes, qui tentent de déstabiliser les autres pour des intérêts de court-terme.

Deuxièmement, le commerce joue un rôle important dans le maintien la paix et pour combattre les sources de migrations massives. Les subventions à l’exportation et à l’agriculture domestique et la gestion des approvisionnements dans les pays développés ont entrainé une baisse des prix, qui a eu, pour résultat un investissement agricole négligeable et un manque de revenus dans les pays en développement[3]. De nouvelles opportunités à travers le commerce pourrait offrir de nouveaux débouchés à ces économies fortement dépendantes de l’agriculture, sous réserve que les standards sociaux et environnementaux soient respectés. De plus, les relations commerciales (outre la mobilité professionnelle) et les institutions mondiales (telles que l’OMC) créent des liens et une interdépendance entre les pays et les habitants, prévenant ainsi les hostilités.

Troisièmement, des marchés mondiaux performants peuvent contribuer à atteindre les objectifs en matière de développement durable[4] par une meilleure intégration des chaines de valeur mondiales, permettre le partage de savoirs technologiques et organisationnels, et faciliter les investissements dans des modèles d’entreprise plus durables. L’élimination de subventions préjudiciables, des accords sur des standards sociaux et environnementaux mondiaux et la réduction des barrières commerciales (tarifaires et non-tarifaires) dans les secteurs clés peuvent accompagner d’autres efforts mondiaux dans le développement durable.

L’Europe devra jouer un rôle clé dans la construction d’un système multilatéral renforcé et fondé sur les droits humains, l’état de droit et le commerce équitable et durable. Maintenir l’unité des Etats-membres pour avancer sur un programme tel que celui-ci sera primordial pour atteindre de meilleurs résultats profitant à tous les acteurs commerciaux. Plus que n’importe quelle autre puissance mondiale, l’UE a la force et les fondements faire avancer le renouvellement du système commercial multilatéral.

Les cadres européens soulignent l’importance et la valeur du commerce international pour stimuler l’innovation, créer de l’emploi, et améliorer le bien-être. Ce n’est qu’en coopérant, en apprenant les uns des autres et en se livrant une concurrence équitable que les partenaires commerciaux peuvent bénéficier mutuellement des échanges. Comme en entreprise, la confiance et une vision positive sont nécessaires pour avancer.

 

[1] https://www.theguardian.com/business/2018/jul/16/imf-trump-trade-war-global-economy-us-tariff-weo

[2] https://voxeu.org/article/trade-barriers-beyond-tariffs-facts-and-challenges

[3] https://www.ictsd.org/sites/default/files/research/International%20Trade%20and%20Sustainable%20Development%20Post-2015%20Development%20Agenda%20Briefing%20Series.pdf

[4] https://www.ictsd.org/sites/default/files/research/International%20Trade%20and%20Sustainable%20Development%20Post-2015%20Development%20Agenda%20Briefing%20Series.pdf