Le vent souffle, mais nous devons naviguer dans une seule direction

Réflexions sur la nouvelle année par Ludger Ramme, Président de la CEC European Managers

Jamais auparavant, l’Union européenne n’a compté un taux d’emploi aussi élevé, la pauvreté décroit et les paramètres économiques indiquent que nous sommes dans une phase de reprise. Pourtant, nous assistons à une augmentation des inégalités sociales, à la pauvreté au travail et à un nombre croissant de personnes travaillant dans des emplois atypiques. En outre, les perspectives positives ne concernent qu’une partie des Etats membres. Ces développements, une situation géopolitique tendue et le dénigrement croissant des élites ont contribué à l’essor des mouvements populistes en Europe.

La CEC European Managers souhaite prendre clairement position contre les récits peu constructifs qui sont faits sur l’avenir de l’Union européenne, en abordant les questions sociales, environnementales et économiques urgentes. Cette démarche ne peut porter ses fruits que par le biais de l’élaboration de solutions ciblées au niveau politique le plus approprié. Afin d’atteindre un niveau de progrès social plus durable, nous devons trouver le bon équilibre entre l’introduction de normes européennes et le choix de laisser les acteurs nationaux, tels que les partenaires sociaux et les gouvernements, trouver par eux-mêmes les solutions aux défis spécifiques. Nous appelons les institutions européennes, les Etats membres, les partenaires sociaux et les autres parties prenantes à s’engager ensemble dans la même direction au lieu de se concentrer sur des intérêts de court-terme, qui mettent le projet européen et le progrès économique, social et environnemental, qui lui est lié, en danger.

Les sujets qui suivent prépareront le terrain pour assurer le progrès social de demain et ces derniers devraient être repris dans le prochain cadre financier pluriannuel.

Premièrement, nous devons permettre à tous les citoyens de profiter des possibilités offertes par l’ère digitale, indépendamment de leur histoire, identité ou genre. Des conditions de travail davantage flexibles, des transitions professionnelles plus fréquentes requérant de nouvelles aptitudes liées à ces changements, susciteront le besoin d’assurer la mise à disposition d’opportunités d’apprentissage adaptées et pour tous, tout au long de la vie. A ce titre, nous devons encourager les programmes de mobilité professionnelle comme moyen d’augmenter les échanges d’idées et la mobilité dans le travail afin d’amortir les chocs économiques. Nous sommes en faveur de l’extension du programme Erasmus+ et soutenons le projet pilote pour les diplômés mobiles dans le secteur de la chimie.

Deuxièmement, nous devons nous assurer de conditions de travail décentes pour tous. La proposition de la Commission européenne sur une nouvelle directive visant à rendre les conditions de travail plus transparentes et plus prévisibles dans toute l’Union est une étape importante pour harmoniser les droits les plus fondamentaux dans les relations de travail, qui contribuent ainsi au Socle européen des droits sociaux et intègre les nouvelles formes de travail. Au lieu d’imposer des standards uniques, qui pourraient mettre en danger la compétitivité de certains Etats membres, les économies les plus faibles devraient être soutenues par des mesures de convergence mieux élaborées, incluant un soutien aux entreprises et des fonds régionaux, des investissements dans la R&D et dans les industries clés du futur.

Enfin, troisièmement, nous devons renforcer le dialogue social à tous les niveaux. Une des raisons principales de la résilience et du redressement de l’Europe est sa capacité de trouver des solutions communes entre travailleurs et employeurs  et adaptées aux réalités du terrain grâce au dialogue social. Toutefois le déclin du nombre des affiliés syndicaux, l’affaiblissement des organes bi- et tripartites et des taux d’ accords collectifs plus faibles mettent ce modèle en danger.  Néanmoins, avec une augmentation des affiliés dans un bon nombre de nos organisations membres, nous canalisons ici une voix positive et constructive dans le dialogue social, dont nous sommes fiers d’être une partie prenante.

Trop longtemps nous avons toléré les acteurs de division à opérer au détriment de l’unité européenne. Maintenant, il est temps pour toutes les forces démocratiques de se concentrer sur la seule direction que nous souhaitons voir prendre à l’Europe, celle d’une Europe plus prospère, libre, verte et sociale. Nous invitons chacun et chacune à contribuer individuellement et collectivement à ce projet que nous appelons notre maison.