Le travail numérique nous oblige à repenser les conditions de travail

De plus en plus de professionnels hautement qualifiés participent aux concours en ligne pour offrir leurs services. Une flexibilité accrue, la possibilité de développer leur portefeuille de projets et l’accès à de nouveaux clients sont  les raisons fréquentes de leur participation à cette forme atypique d’emploi, selon une étude Eurofound. Bien que le travail sur ces plateformes numériques soit une porte d’accès au marché du travail, les défis engendrés par l’insécurité des revenus, la relation de dépendance de la plateforme et l’insuffisance de structures de soutien persistent. Les Etats-membres et partenaires sociaux doivent s’assurer que ces travailleurs ont accès à la protection sociale,  l’éducation et la formation, ainsi qu’à la représentation syndicale.

L’étude d’Eurofound, portant sur les conditions de travail sur les plateformes numériques identifie les différentes catégories de travailleurs de plateforme, évalue leurs conditions de travail et enquête sur leurs relations avec les syndicats. Le degré de dépendance économique et d’autonomie individuelle varie énormément sur ces plateformes. L’un des défis récurrents est l’absence d’opportunités de formation et de soutien de l’encadrement, ce qui souligne la nécessité d’une présence de cadres compétents, également sur le plan interpersonnel.

Un nombre considérable de travailleurs de plateforme sont des professionnels moyennement et hautement qualifiés travaillant comme free-lance (estimés à 35% des travailleurs de plateforme). Ceux qui participent aux concours en ligne (tels que ceux proposés par 99designs) ont mentionné que ces derniers leur permettaient librement de trouver de l’inspiration et de nouvelles idées, de développer leur portefeuille professionnel, de maintenir leurs compétences et d’avoir accès à de nouveaux clients. En raison de la nature internationale du travail de ces professionnels, ils ne voient actuellement que peu de bénéfices à tirer d’une représentation syndicale. Cette donne démontre que le développement de structures transnationales pour informer, dialoguer et représenter ces professionnels pourrait s’avérer crucial.

La digitalisation des conditions de travail offre des avantages non négligeables, particulièrement pour les professionnels moyennement et hautement qualifiés. Cependant, l’accentuation des problèmes liés à la santé mentale sur le lieu de travail, la dispersion géographique et l’insécurité professionnelle soulignent l’importance d’un leadership de qualité, du dialogue social et de la protection sociale.

A l’ère des prises de décisions algorithmiques et des lieux de travail en ligne, nous avons besoin de davantage de cadres compétents, capables d’agir comme bâtisseurs de ponts et comme décideurs et facilitateurs humains.

La CEC participe à deux projets concernant la relation entre dialogue social et digitalisation: un sur les relations industrielles à l’ère de l’économie collaborative et un autre sur la digitalisation et le dialogue social transnational.