La nouvelle Commission: un leadership plus durable est nécessaire

La nouvelle Commission européenne, telle que proposée par la Présidente élue Von der Leyen, a identifié , à juste titre, l’atténuation et l’adaptation au changement climatique comme un enjeu clé. Cependant, elle laisse planer des doutes sur le caractère durable d’importants aspects de la structure et de la mission de l’équipe dirigeante. Les cadres suivront de près si la Commission respectera ses engagements ambitieux.

La Présidente élue de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté sa nouvelle équipe dirigeante, plus féminine que jamais, qui devra encore être approuvé par le Parlement européen. Le nouveau collège aura trois Vice-présidents exécutifs, cinq Vice-présidents et 18  Commissaires. Si la priorité de vouloir construire une Union économiquement, socialement et écologiquement durable doit être saluée, certains portefeuilles de futurs Commissaires laissent planer le doute sur la durabilité de sa structure et de sa mission exécutive. Notre guide du leadership durable et la nouvelle campagne #ManagersForFuture expliquent les dimensions et principes nécessaires pour une gestion managériale plus respectueuse de la planète et de ses habitants.

Afin de réussir à bâtir un avenir équitable, économiquement durable, biodiversifié et sans émissions nettes, la Commission entrante devra s’attaquer dans une démarche holistique aux défis sans pour autant oublier sa boussole morale et éthique : les valeurs de liberté, solidarité et durabilité. En outre, la Commission devra se coordonner étroitement avec les partenaires sociaux, la société civile et les entreprises orientés vers l’avenir afin de gagner en légitimité démocratique. Comme le souligne le Président de la CEC, Ludger Ramme, une approche positive sera particulièrement importante.

En ce qui concerne le climat, la nomination de Frans Timmermanns, une personnalité politique de premier plan, en tant que Vice-Président exécutif, envoie un signal d’engagement clair aux citoyens européens et aux partenaires internationaux. Cependant, les portefeuilles connexes, tels que l’énergie, l’innovation, l’environnement et les océans devront être pris en considération pour que les synergies politiques qui seront mises en place afin de combattre le réchauffement climatique et la perte de biodiversité portent leurs fruits

Le choix d’appeler le portefeuille « emploi et affaires sociales » simplement « emplois » est également un changement par rapport au travail de la Commission Juncker vers une Europe plus sociale, notamment à travers le Socle européen des droits sociaux. Nous espérons que non seulement le nombre, mais aussi la qualité d’emplois, les relations de travail et les contributions sociales seront prises en compte pour l’avenir de l’économie sociale du marché européen.

La digitalisation quant à elle sera couverte par le portefeuille « Une Europe adaptée à l’ère du numérique ». Un autre portefeuille « innovation et jeunesse » a été proposé et il est susceptible de couvrir la DG recherche et innovation, mais aussi la DG éducation, jeunesse, sport et culture. Compte tenu de sa grande importance pour le paysage académique et industriel, ce portefeuille laisse planer le doute sur le bénéfice de fusionner jeunesse et innovation. Enfin, la jeunesse européenne devra être impliquée activement dans le renouveau de l’Union européenne, car ce sont eux qui hériteront des conséquences de nos décisions actuelles.

Enfin, le choix de la dénomination de quelques autres portefeuilles portent à s’interroger, particulièrement celui voué à « Protéger notre mode de vie européen », axé principalement sur la migration et la politique de sécurité. Bien sûr, il est encore trop tôt pour en juger et nous attendrons que la Commission prenne le relais pour revenir vers vous et vous tenir informés.  Photo : copyright Union européenne 2019